Eh oui, comme la tradition le veut, le triplé 25-26-27 mai est normalement toujours accompagné d'orages. On sentait les choses plus difficiles pour cette année, mais finalement avec un peu d'efforts le 26 mai n'aura pas failli à sa réputation.
Tout commence samedi soir tard par un énième coup d'oeil désespéré vers les modèles, et puis au détour d'une carte je me rends compte que 2/3 paramètres sont intéressants sur l'Espagne : petit talweg d'altitude, remontées chaudes et creusement thermique en surface. Cela couplé à la situ d'aujourd'hui qui commençait déjà à sentir le roussi dans le SO (on en ramasse les cendres à l'heure actuelle, on commence à être habitués). Et toujours l'absence de perspectives solides jusqu'à moyen terme, au moins ...
Bref, sur un coup de tête, je décide de m'exiler l'espace d'une journée vers les vastes paysages espagnols dont la seule perspective suffit à me décider.
Départ de bon matin, première étape jamais des plus désagréable : avant d'aller contempler l'horizontalité des grandes plaines de l'Ebre, il faut se délecter de la verticalité des sommets Pyrénéens. Sous un soleil déjà bien vigoureux, les neiges encore fraîches étincelles, au dessus de la chapelle des Templiers au détour de la montée d'Aragnouet
Quelques heures plus tard, me voilà installé au sud de l'Aragon, au rebord entre le Plateau Espagnol et la plaine de l'Ebre. Les cellules sont prévues se former dans tout le secteur situé au SO en remontant lentement sans progresser beaucoup plus loin en raison de l'air plus sec situé au NE. Sous un vif soleil de midi mérdional, les bourgeonnements s'installent tranquillement pour évoluer mollement en averses à sommets modestes dans un premier temps.
Je laisse tranquillement faire les choses en m'installant dans les blés verts, et une première petit averses passe juste au nord. A peine quelques grondements mais contrastes sympathiques :
Une fois passées, un autre paquet apparaît au dessus des Sierras voisines semblant un peu plus compact. Je me déplace légèrement vers l'est pour être dans l'axe des ascendances, progressant sur les petites routes de l'Aragon rural (pléonasme ?). Et là, souci : je tombe droit sur un troupeau de moutons qui occupe toute la route. De face, il aurait suffit d'attendre quelques minutes, mais j'arrive de dos, donc à moins de foncer dans le tas ... bref, alors l'orage s'approche et s'active bien, j'enrage ^^ car aucun itinéraire de substitution évidemment, je vous disais : nous sommes dans l'Aragon rural ! Ah si finalement, un petit chemin à tenter, parfait, eh raté cul de sac dans un champ malgré les indications de la carte. Bon, autant attendre ici, finalement ce n'est pas si mal placé. La foudre commence à bien tomber, contrairement à mes habitudes je tenterais quelques rafales pour saisir l'ambiance. Je n'en mène pas trop large, posté en haut d'un grand pont sur la voie ferrée, je reste dans la voiture ...
J'essaie ensuite de devancer un peu car les bases s'étendent, mais comme prévu c'est inutile car les cellules s'étalent dès qu'elles descendent sur la vallée de l'Ebre.
Au radar, ça s'active à nouveau vers le SO. Retour à la case départ, par les petites routes pour visiter. En fait en voyant le ciel s'assombrir plus que je ne l'aurais imaginé, j'accélère un peu la cadence ... et au débouché des plaines, me voilà face à un vaste arcus qui s'étend sur tout l'horizon ouest.
Étonnamment, je peux l'admirer pendant un long moment car il est pratiquement immobile, sculpté par les vents contraires : est en basses couches venant de la Méditerranée, et sud-ouest plus en altitude.
Il finira par s'étaler lentement au dessus de ma position, mais la pluie n'arrivera pas avant que je ne parte pour clore cette journée plus qu'agréable en ces temps de vache maigre !