Bon, j'ai un peu honte de vous le rebalancer en copier-coller comme ça
Mais puisque c'est écrit, c'est parti pour le récit de dimanche soir
Du côté de la situation météo, nous avions un contexte post-frontal assez sympathique avec de l'air froid d'altitude pour garantir des gradients thermiques verticaux assez marqués, et une limpidité remarquable de l'air qui tranchait nettement avec les poussiéreuses rafales d'autan de la veille. Une superbe occasion pour tester mon nouveau matériel photo acquis il y à peine quelques jours ...
L'après-midi démarre tranquillement sous un ciel pratiquement bleu, seulement paré de quelques cumulus humilis "de beau temps" qui ne percent pas. On aperçoit en revanche grâce à l'excellente visibilité les cellules orageuses formées sur l'ouest du Gers ainsi que les Pyrénées, dont on toucherait presque la neige du bout des doigts, à 80 km de là. Je m'installe tranquillement sur les collines du sud Toulousain en attendant de voir l'évolution. Le seul petit nuage qui dépasse est une petite averse moribonde au fin fond de la vallée de la Garonne. Le temps passe tranquillement : 16, puis 17h, peu d'évolution. Étonnamment, l'averse au loin ne semble pas disparaitre malgré son aspect bien chétif. Le soleil commence à faire son effet et on voit par-ci par-là quelques cumulus qui poussent un peu plus haut, temporairement. Cependant, la fameuse averse de toute à l'heure semble un peu insistante, je daigne donc lui accorder un peu d'attention. En effet, une nouvelle petite alimentation se dessine, qui semble particulièrement peu mobile ... Vers 18h, l'alimentation, bien que petite semble assez bien structurée, bien détachée du courant descendant, et avec une petite base assez dense. D'ailleurs, cette nouvelle poussée envoie vers le nord un long panache d'enclume effilé. Trouvant la structure prometteuse, je lance à tout hasard une petite séquence de time lapse, sans me douter de rien bien sûr ! (Il est alors à peine 18h, encore plus d'une heure avant la tornade)
Les instants qui suivent semblent me donner raison, le sommet de la structure prend de l'ampleur et l'ensemble adopte une forme évasée de plus en plus jolie :
Les minutes passent encore, et la base gonfle, gonfle, s'assombrit et prend de plus en plus l'allure d'une alimentation musclée ! Ça devient intéressant cette histoire ! Le flanc gauche de l'ascendance prend un aspect de plus en plus tourmentées avec des bourgeonnements qui s'élancent vers le haut de plus en plus vite. Il est 18h37 ...
Le structures du flanc de la cellule commencent à présenter des signes évidents d'une rotation généralisée de l'ascendance, nous mettant en présence d'une supercellule LP ! A noter qu'effectivement il n'y jusque là visuellement pratiquement aucun rideau de pluie qui touche le sol. 18h46 ...
Je me délecte à la vue de cette base qui devient de plus en plus consistante et charbonneuse, et l'on commence alors à distinguer une fente claire à l'arrière gauche de la base. Comme si il y avait une petite envie de pousser un peu plus loin ...
19h05, je m'apprête à repasser sur le grand angle pour une vue d'ensemble qui a vraiment "de la g****e", quand soudain, un tuba surgit juste derrière la fente claire ! Vite, vite une photo et je repasse sur le zoom ! (Il est visible tout petit, bien au milieu)
Évidemment, le temps que je repasse sur l'autre objectif, le tuba se rétracte, un cas classique ... mais la structure est tellement belle que je suis persuadé qu'il va se reformer. Je ne crois pas si bien dire ! Le tuba se reforme en effet, en plus gros, je mitraille tant que je peux sous toutes les coutures. Mais la cellule n'avait pas décidé d'en rester là ...
Quelques minutes plus tard, sous mes yeux ébahis et mes sens abasourdis, surgit sous le tuba un buisson. L'irréalisable, l'inconcevable est à là sous mes yeux, sous cette structure parfaite : la TORNADE ! J'ai un peu du mal à réaliser, cette si petite averse d'il y a une heure maintenant devenue sa majesté la supercellule tornadique. Tout cela en spectacle surprise, sans avoir à se déplacer. Le plus frappant concerne l'appareil lancé pour la séquence de time-lapse : depuis le début de la séquence et la formation de la cellule plus d'une heure avant, le cadrage n'a pas bougé d'un millimètre et la tornade se forme en plein dans le champ de visée. Comme si elle
devait arriver.
Tous les cadrages y passent, je photographie tant que je peux, regrette un peu bien sûr de ne pas avoir pris de téléobjectif, mais le spectacle est tel que j'en reste un peu pantois ...
Bien sûr, je serais un peu plus distant (environ 10 km) que les extraordinaires photos prises sur place et depuis le rebord des cotaux. A vrai dire sur le coup j'étais tellement scotché, que ça ne me serait même pas venu à l'idée de bouger pour me rapprocher. J'étais pour ainsi dire paralysé par le spectacle !
La tornade évolue pendant environ 9 minutes (d'après les prises de vues du time lapse : de 19h11 à 19h20) avant de se dissiper progressivement. C'est à ce moment-là que la cellule atteint selon moi son apogée en terme de structure. D'ailleurs, chose étonnante, ce n'est qu'après la dissipation de la tornade que le nuage mur se formera et qui plus est en un lieu différent de la base ascendante.
De plus ce n'est qu'à partir de maintenant que les rideaux de pluies atteindront le sol de manière franche, et que l'activité électrique se manifestera. Elle avait été pratiquement absente jusqu'ici.
Le monstre passe ...
L'explosion cumuliforme du sommet est prodigieuse !
Je repasse vite de l'autre côté au moment ou le soleil surgit dans un ciel bleu limpide. Les sommets gonflent à une vitesse effrénée au rythme des alimentations sans cesse renouvelées ...
Et la cellule, à présent fusionnée avec ses voisines s'en va déverser sa pluie, sa grêle et sa foudre vers le nord
Toute la séquence a été prise en images cadencées pour monter une animation accélérée. Je regrette dans le feu de l'action d'avoir oublié d'augmenter la fréquence pour les prises de vues prochesn qui de ce fait vont vraiment très vite. Pour le coup, on se fait un avis assez rapidement sur la rotation ...
En bonus, en fin du time lapse sont visibles les bourgeonnements résiduels qui iront jusqu'à l'orage faible à la tombée de la nuit.
Time Lapse sur vimeo, HD dispo et vivement recommandée :
https://vimeo.com/41265539Un moment inoubliable, pour un hasard d'observation extraordinaire ...